15/08/2016

Ce jour J

Voilà, déjà 3 mois jour pour jour que Billie est entrée dans nos vies.  Sur le blog je vous parle beaucoup de créativité et parfois d'intimité car je pense que les deux sont indissociables alors je voulais profiter de ce jour et aussi du temps libre que j'ai (j'en ai pas beaucoup) pour vous raconter ce jour si particulier, cet incroyable moment qu'a été mon accouchement. Au delà du traditionnel "c'est douloureux mais quand on voit son bébé on oublie tout !", j'avais envie de partager mon expérience qui a fait de moi une autre moi parce qu'inévitablement, depuis ce jour, je ne suis plus la même.


Au départ quand j'ai appris ma grossesse et que j'ai commencé à me projeter vers cet accouchement, je m'imaginais vivre un accouchement comme 77% des Françaises, à la maternité avec péridurale. Il était hors de question de souffrir, puisque la péridurale existe pourquoi s'en priver ? 
Et puis petit à petit au fur et à mesure que mon ventre s'arrondissait, j'ai commencé à sentir ce petit être en moi et ma responsabilité de maman est arrivée avec. J'ai alors lu beaucoup d'articles et de témoignages d'accouchements et j'ai appris plein de choses :) 
J'ai appris que mon bébé allait vivre un moment pénible et difficile durant son voyage, j'ai appris que la mieux placée pour l'accompagner vers cette sortie et cette vie c'était moi, j'ai appris que la douleur avait un rôle dans l'accouchement et que de pouvoir bouger était important pour que le bébé trouve son chemin. Je me suis alors sentie motivée et prête, j'ai donc pris la décision d'accoucher sans péridurale. J'avais envie de vivre cet accouchement le plus naturellement possible. Nous avons donc avec mon mari trouvé une sage femme libérale qui serait en accord avec notre projet et qui nous préparerait au mieux pour cette aventure. Cette sage femme a été pour nous un pilier durant cette préparation, elle nous a guidés et informés afin que l'on ait toutes les clefs le jour J (les positions à prendre, les petites astuces qui soulagent, le fonctionnement des contractions, la visualisation, la concentration). Elle nous a donné confiance en nous.

Et puis 22 kilos plus tard, un samedi matin, deux jours avant le terme, j'ai commencé à sentir des petites contractions, pas douloureuses mais inhabituelles. Tout au long de la journée elles se sont enchaînées et je les ai gérées dans le calme et la douceur de mon chez moi. Pour me vider la tête et éviter de focaliser sur ma douleur, je me suis mise à préparer des petits gâteaux pour emmener à la maternité histoire d'avoir les faveurs des sages femmes ;) 
A la fin de la journée j'ai senti que la rencontre approchait, j'ai bien mangé pour avoir un maximum d'énergie et je suis allée me coucher. Mon mari était chargé de s'occuper de tout surveiller et de me guider (il a été ma doula). Moi j'étais concentrée, dans ma bulle que je devais garder intacte jusqu'à la fin (ou le commencement). Les contractions devenaient de plus en plus douloureuses, impossible de dormir, j'essayais un maximum de me concentrer sur ma respiration. C'est mon mari qui a pris la décision de partir à la maternité quand les contractions ont commencé à s'enchaîner toute les 5 minutes. 
Dans la voiture je serrais des dents à chaque bosses sur la route, je sentais mes entrailles se mettre au boulot et chaque petite partie de mon corps était mobilisée pour un même but. Nous y sommes donc arrivés vers 1h du matin à la fois excités et angoissés par ce qui nous attendait. Après mon premier examen, j'ai immédiatement perdu les eaux et les contractions ont commencé à être réellement douloureuses. Nous avons alors décidé d'aller faire une marche nocturne. Au rythme de l'escargot j'avançais telle une éléphante bien décidée à faire descendre mon bébé à l'aide de la gravité. 

Vers 2h, la fatigue est arrivée, et les sons qui sortaient de ma bouche étaient de plus en plus incontrôlables (et bestials). Nous sommes retournés à l'intérieur ou les sages femmes nous ont installés en salle de travail. Comme vous pouvez le voir sur la photo, la pièce n'était pas très accueillante et même un peu flippante avec toutes ces machines mais mon mari avait prévu une playliste afin de personnaliser un peu l'ambiance et même si sur le coup, sous la douleur, je ne faisais pas vraiment attention à la musique, je pense que ça m'a beaucoup aidée de souffrir avec Moby, Norah Jones, Massive Attack, John Lennon et les autres. 
Les contractions sont alors devenues très douloureuses, une douleur inexplicable, incomparable, insupportable, immémorable, mais j'essayais de visualiser le chemin que mon bébé était en train de parcourir. Je bougeais tout mon corps pour l'aider à descendre et je restais concentrée sur ma respiration même si c'était difficile et si parfois souvent j'avais envie de tout envoyer valser et de hurler de douleur. Mon mari lui me massait et me parlait afin de me soulager et de me motiver, j'étais tellement rassurée par sa présence et ses gestes. Pendant tout ce temps les sages femmes sont restées en retrait (elles en ont profité pour manger mes petits gâteaux) et nous ont laissés gérer nous même les différentes étapes. 
Puis je suis entrée dans la phase qu'on appelle "désespérance", celle où les contractions s'enchaînent toutes les minutes et où la douleur est telle qu'on se perd quelque part entre le réel et l'inconscience (un peu comme si j'étais sous ecsta). C'est d'ailleurs souvent qu'on craque à ce moment là et qu'on se laisse tenter par la péridurale mais je voulais aller jusqu'au bout et je savais que j'avais fait le plus dur. Et d'un coup, l'envie de pousser est arrivée, une envie plus forte que moi, une des sages femmes est arrivée et a voulu m'ausculter, elle m'a alors allongée sur le dos, ce que je ne voulais pas car je voulais écouter mon corps et me mettre dans la position qui me paraissait la plus logique (et c'était certainement pas sur le dos les pattes en l'air). 
Bref, une fois sur le dos, un peu comme une tortue, je n'ai plus réussi à rebouger de place et je me suis mise à pousser. J'ai eu l'impression que ça durait des heures, et que jamais je ne réussirais à la sortir. Je poussais tellement fort que ma vue se troublait et entre chaque contraction, lorsque je me reposais avant de reprendre, je sentais ce petit corps dans mon bassin qui me semblait si énorme ! Mon mari lui était avec la sage femme et aidait notre fille à sortir tout en me guidant dans ma gestion de la douleur. Une fois la tête sortie, j'ai eu très mal et pour la première fois depuis le début j'ai eu peur (peut être parce que je sentais que c'était la fin). Quelques secondes juste le temps de trouver de la force en pensant à toutes ces femmes qui l'avaient fait avant moi, pousser une dernière fois, et puis enfin, son petit corps glissait hors de moi. 

A 4h30, mon mari a sorti notre fille et l'a posée sur moi, j'ai alors vu son visage pour la première fois, une vague d'émotions s'est emparée de tout mon être, cette petite chose toute chaude que j'avais portée durant 9 mois était arrivée à destination. Quelle joie immense de la tenir enfin dans mes bras et en même temps qu'elle difficulté de devoir séparer mon corps du sien. Si la perfection existe alors pour moi elle est là. Cette petite personne pour laquelle mon amour est total et inconditionnel. Aujourd'hui je ne suis plus la même car je suis devenue une maman mais surtout parce que je le suis devenue de cette manière là.
Je me sens tellement plus forte qu'avant. Ce qu'on a réussi à faire je le sais va nous aider pour tout ce qui va arriver ensuite. Si c'était à revivre je voudrais que ça se passe exactement comme ça. J'aurais jamais pensé en être capable et pourtant...On en est toutes capables. Faites confiance à votre corps, faites vous confiance et vous vivrez des choses magiques ! 

Ma Billie, Ma Zhong Yi, I love you to the moon and back ♥︎


4 commentaires :

  1. Ton texte est saisissant et m'a mis les larmes aux yeux. Quel courage et quelle sérénité. Bienvenue à ta merveille.

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  2. Coucou Charlotte, je lis ce texte le jour de ton anniversaire et j'en profite pour pour te dire joyeux anniversaire et je t'en souhaite pleins d'autres ainsi que d'autres belles aventures comme celle-ci.
    C'est incroyable comme je vous admire tout les deux! Comme vous êtes beaux et comment j'envie votre amour !
    J'ai vraiment hâte de rencontrer Billie et de pouvoir partager un moment de bonheur avec vous trois.
    A très vite j'espère...

    Amicalement.

    Elodie

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  3. Merci Élodie pour ce gentil message, ça me touche beaucoup ! J'espère que tu vas bien et Romain aussi, il va falloir qu'on trouve un moment pour vous présenter Billie. En attendant nous vous embrassons bien fort ��

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