Il y a un an je préparais frénétiquement mon voyage en Chine. Le temps passe vite, je me souviens encore de cette excitation comme si c'était hier. Aujourd'hui j'ai décidé de vous faire partager mon expérience et celle de mon mari sous deux points de vue différents...
Contrairement à la plupart des blogs ce que je vais vous raconter ne va pas vous faire rêver ! J'ai hésité longtemps avant de faire un article sur cette expérience et puis je me suis dis que cela pouvait être intéressant de vous donner un point de vue différent du voyage que la plupart du temps on s'imagine comme paradisiaque (moi même je ne pensais pas qu'on pouvait mal le vivre !). Ce blog est là pour vous faire partager mon univers et, après tout, même les choses pénibles font parties de nous.
Voici un topo rapide du contexte de ce voyage : je suis en couple avec un homme de nationalité chinoise (Ian) depuis plusieurs années et je voulais absolument découvrir son pays. Nous avons donc décidé de partir un mois et demi (pour bien profiter) à Shanghai, chez sa famille. L'article que vous allez lire est plutôt hors du commun car j'ai décidé de ne pas vous livrer uniquement mon ressenti mais également celui de mon mari, cet article est donc coécrit afin de vous faire part de cette aventure sous plusieurs angles :
Charlotte : "Le voyage fut très long avec une escale et quand tu n'arrives pas à dormir dans l'avion et qu'en plus tu te payes le décalage horaire (+6h), c'est un peu dur à l'arrivée.
Cette arrivée je m'en rappelle très bien car j'ai été dans le bain direct, le métro et le fourmillement des gens allaient beaucoup trop vite pour moi et déjà quelques minutes après mes premiers pas sur le sol chinois, je ne sais pas pourquoi mais j'ai su que ça n'irait pas."
Ian : "Un long voyage dans une boite métallique...ça n'a jamais était agréable, peu importe la destination Chine ou Mexique. A chaque fois que je rentre chez moi, je me prépare psychologiquement pour que le décalage horaire se fasse de manière efficace dès l'avion. Il n'y a rien de mieux que de s'obliger à dormir. Vous voulez ma solution ? Hi hi ... même si l'abus d'alcool est dangereux pour la santé."
C : "Durant les semaines que j'ai passées à Shanghai, je n'ai presque rien supporté, plus les jours passaient, plus je découvrais cette ville et plus je me sentais mal. Déjà je ne suis pas une fille de la ville et comment dire ... Shanghai c'est plus qu'une ville, je ne sais pas si vous savez mais il y a 23 millions d'habitants là-bas ce qui correspond à peu près à la population entière de l'Australie ou du Canada ! Oui ça fait un choc quand on y pense ... Bref tous ces gens partout, tout le temps ça me donnait l'impression de ne pas exister."
I : "Aïe aïe aïe c'est sûr qu'on est nombreux mais attention, allons comparer la densité de population entre Shanghai et Paris : 21 416 hab./km2 pour Shanghai (arrondissements du centre ville) et 21 258 hab./km2 pour Paris intra-muros. Vous voyez ce que je veux dire ?"
C : "J'ai détesté l'ambiance de cette ville, il y a des magasins partout, des centres commerciaux à tous les coins de rue, il y a de tout partout avec des éclairages et des projections monumentales sur tous les buildings. Toutes les marques du monde ont une ou plusieurs boutiques avec des devantures plus extravagantes les unes que les autres. Et dans certains quartiers il y a de jolies maisons historiques qui sont rasées pour y mettre de grands immeubles."
I : "Je suis né dans cette ville et j'y ai grandi jusqu'à mes 18 ans. Elle a toujours été mêlée dans des espèces de gros chantiers et en même temps elle devenait de plus en plus agréable à vivre du point de vue de l'organisation urbaine. Ces quelques dernières années, en conservant ce rythme de changement, j'ai l'impression qu'elle est allée un peu trop loin, un peu nerveuse. Est-ce la phase négative de l'évolution et de l'expérimentation ? Un peu comme un adolescent chiant et boutonneux ! En tout cas ce n'est pas le Shanghai que j'ai connu."
C : "J'ai détesté aller dans les temples bouddhistes qui sont des attrapes touristes et dans lesquels je n'ai ressenti aucune tranquillité. La tranquillité n'existe pas là-bas du moins c'est difficile de la trouver, les shanghaiens sont bruyants, bousculants (ils crachent tout le temps) et je ne les ai pas trouvés du tout sympathiques, ça m'a donné une impression de chacun pour soi."
I : "Au milieu des villes historiques chinoises comme Beijing, Nanjing, Xian, Suzhou, Hangzhou ... Shanghai n'est qu'une ville toute jeune. Elle est rapidement devenue un axe indispensable de l'économie chinoise seulement depuis la fin du 19 ème siècle, grâce à sa spécificité géographique : le meilleur port de la côte Est de la Chine. Quelque part Shanghai n'est pas une ville mais un gigantesque marché, ça grouille et ça marchande, la moitié de la population shanghaienne se compose de la migration interne et d'étrangers. A mon avis ce n'est pas à Shanghai que l'on va chercher la tranquillité. Malheureusement même les temples n'ont pas pu échapper à cette orientation touristique ..."
C : "J'ai détesté le temps, nous sommes partis en juillet et c'est la saison la plus chaude. Je n'avais jamais vécu une chaleur comme celle-ci (pourtant j'aime la chaleur) 40° et 100% d'humidité dans l'air, autant dire que tu te sens comme une loque dans une cocote minute. Et c'était impossible de m'y habituer car la clim est à fond dans tous les bâtiments et les taxis. Et ne parlons pas de la pollution qui pique la gorge et qui cache presque tout le temps le soleil et le ciel bleu."
I : "Ha ha ha ! C'est à ce moment là que je me moque des autres qui sont incapables de tenir sous cette chaleur humide, avec leur tête de tomate cuite en train de d'inonder leurs vêtements. Et oui j'ai grandi dans ce climat, pour moi (et pour ceux qui ont vécu ce climat) les canicules françaises, à coté, c'est du pipi de chat ! C'est sûr que ce n'est pas la peine de venir chercher le beau temps dans un climat subtropical. Si on parle de la pollution, on va surement parler de l'industrialisation, donc de la mondialisation et on risque de partir dans un autre long débat ..."
C : "J'ai aussi détesté les taxis, qui n'ont pas de ceintures de sécurité et qui conduisent comme des tarés. Il faut savoir qu'à Shanghai ce sont les voitures qui sont prioritaires et que personne, je dis bien personne ne s'arrêtera pour te laisser passer même sur un passage piéton !"
I : "Je déteste autant !"
C : "J'ai détesté le massage chinois que j'ai eu, mon dieux j'ai souffert le martyr, et bien sûr je n'ai rien osé dire car je voulais absolument essayer de me fondre dans cette ambiance et cette culture. Je suis ressortie avec un hématome dans tout le dos ! Je me suis laissée faire et j'ai ravalé la souffrance physique et psychologique que je vivais de jour en jour. Je crois que je culpabilisais de détester cette ville, la ville de mon amoureux, et je culpabilisais en me disant que j'avais la chance de voyager et que je me devais d'apprécier. Je voulais me forcer, essayer de me convaincre mais plus je tentais et plus je sombrais."
I : "Ce type de massage de la médecine chinoise ... comment dire ... je ne vais pas le défendre, je dirai que c'est bon lorsqu'on commence à s'habituer. Tiens, j'ai un ami français boxeur qui adore ça !"
C : "J'ai détesté être couverte de cadeaux toute la durée de mon séjour (par ma belle famille et les amis), là vous vous dites que j'exagère ou bien que vous trouvez ça bizarre de ne pas aimer recevoir de cadeaux, certains d'entre vous auraient probablement adoré mais moi je n'avais pas envie de ça, j'aime les cadeaux bien sûr mais j'aime les cadeaux quand ils ont un sens, une histoire. Recevoir des vêtements de marques, des sacs, des produits de beauté et des bijoux à ne plus savoir pourquoi ne m'a pas du tout plus, ce côté superficiel et cette surconsommation me dégoutait et m'écoeurait. Ce que je voulais c'était seulement profiter de ma belle famille qui au passage est extraordinaire et que j'aime infiniment. Ils ont cru que ça me comblerait alors que ça m'étouffait."
I : "Les chinois ont besoin de montrer qu'ils sont sympas et généreux. Au jour d'aujourd'hui, ils sont tous hypnotisés par cette nouvelle société de consommation malgré leurs valeurs anciennes. Donc ils font quoi ? Ils achètent pour le plaisir et offrent pour le plaisir, c'est devenu presque une addiction. Tout cela me fait soupirer."
C : "J'ai détesté être gavée à toute heure par la nourriture, les gens mangent tout le temps et de tout, tout est prétexte pour manger et j'avoue qu'au bout d'un moment même si j'adore la cuisine chinoise, j'en avais marre et j'étais écœurée encore une fois. Je crois que si je devais donner un mot pour définir ma perception de Shanghai c'est : TROP. Et quand c'est trop, ça déborde et c'est ce qui s'est passé pour moi, je n'ai pas supporté et j'ai craqué. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait et plus j'essayais de rationaliser et plus je tombais dans l'angoisse, c'était comme si je me perdais moi petit à petit. Je ne mangeais plus, je ne parlais plus, je ne souriais plus, je ne sortais plus, j'étais faible. J'ai dû alors faire un tour à l'hôpital ce qui m'a aidé physiquement pour reprendre des forces mais qui m'a encore plus enfoncé psychologiquement (l'expérience traumatisante de l'hôpital est un peu trop longue à raconter ici)."
I : "Mais noooooon ! Shanghai a plein de défauts, je le reconnais oui. Mais comment on peut passer à côté de ça ? La bouuuuuffffffe ! Le temps à Shanghai est rude, les gens sont bousculants et stressants (un tout petit peu plus que les parisiens), l'environnement est un peu crado (un tout petit peu moins que Paris), une ville d'extrême consommation et tout le reste ... Mais Shanghai est la ville GASTRONOMIQUE à ne pas rater ! Shanghai réunit toutes les différentes excellentes cuisines chinoises et également sa propre cuisine locale : des tours et des quartiers entiers de restos, des traiteurs et des bouis-bouis à tous les coins de rue, plein de Dimsums à dévorer à toute heure, oh la la ! Et les fruits ! Et les délicieux cocktails au thé ! ... Tu m'étonnes on veut les gaver ces touristes, car ceci est bel et bien la fierté des shanghaiens. Mais quand on commence nos vacances à Shanghai avec une bonne Tourista, bah ça fait plouf ..."
C : "C'est vrai que quand j'y repense aujourd'hui je salive sur tous ces plats magnifiques que j'avais face à moi mais décidément l'odeur de bouffe et de friture à longueur de temps ce n'est pas quelque chose qui me fait rêver ! Bref suite à tout ça j'ai réussi à voir un médecin français qui a tout de suite compris de quoi je souffrais. Il m'a dit que j'avais voulu couper les ponts avec ma culture pour me plonger dans une nouvelle sans repères et que l'écart entre les deux est tellement énorme que je n'avais pas pu le digérer, il m'a dit aussi que partir 1 mois et demi à la saison la plus chaude pour une première fois c'était beaucoup trop, bref que j'avais vu un peu trop gros pour mes petites épaules...
Du coup, j'avais contracté ce qu'on appelle le "syndrome du voyageur" , heureusement pour moi j'ai un mari, une famille (et une assurance) géniale qui m'ont comprise et qui m'ont tout de suite aidé. J'ai pu me faire rapatrier en France au bout de 3 semaines de calvaire !
Bien sur je ne vous ai pas tout raconté car se serait beaucoup trop long, je pourrais écrire un bouquin tellement j'ai vu de choses. Aujourd'hui j'en rigole mais sur le coup j'ai vraiment cru que j'allais mourir là bas.
Maintenant je sais aussi que c'est une expérience de la vie qui m'a permise de me connaitre mieux, de mieux connaitre mon mari et de comprendre beaucoup de choses. Je crois que les expériences négatives nous font faire de grands bonds. Je sais que je retournerai à Shanghai, mais pas dans les même conditions."
I : "Voilà voilà, tout à fait tout à fait ! Je n'ai rien de spécial à rajouter sur cette expérience, je partage beaucoup de points de vue, c'est pour ça que je ne rentre pas en Chine tous les quatre matins (durant sa période "d'adolescence"). Mais j'ai un cas similaire dont je voudrais parler : le "syndrome du voyageur" se produit très fréquemment chez les touristes qui sont tombés amoureux de Paris à travers sa douce réputation et ses cartes postales : la tour Eiffel sur un fond sonore d'accordéon, ses rues pavés et ses amoureux à bicyclette, son coucher de soleil sur la Seine, les français avec leur baguettes de pain en terrasse à Montmartre ... Attention ... ;)
Voici quelques photos que j'ai sélectionnées, j'ai mis des légendes pour vous expliquer ou faire le lien avec le texte :
Le toit terrasse, là où j'habitais et le ciel gris, voilé par la pollution.
Vue en plein centre ville de Shanghai, les routes suspendues, les buildings et quelques arbres s'entremêlent.
Devanture d'une des boutiques Cartier.
Un des innombrables centres commerciaux.
Les couloirs sans fin entre les salles de karaoké.
Les chinois aiment louer des salles de karaoké pour chanter quelques heures, chacun ramène à manger et la table se transforme en véritable banquet.
Vue la nuit sur le Bund de Shanghai.
Le vieux Shanghai (Cheng Huang Miao) magnifiquement éclairé, entouré par les nouvelles constructions et les grues.
Le temple de Jing An.
Des ouvriers qui travaillent sous une chaleur écrasante. Destruction des vieux quartiers aux profits des nouveaux.
Les quartiers aux maisons historiques sont détruits.
Les marchands ouverts à toute heure.
Vue du quartier des affaires dans le brouillard humide de la nuit.
Fin d'un petit repas au restaurant.
Des femmes confectionnent de petites broches et petits bracelets avec des fleurs de jasmin et de magnolia que l'on peut acheter pour sentir bon toute la journée.
Voici un topo rapide du contexte de ce voyage : je suis en couple avec un homme de nationalité chinoise (Ian) depuis plusieurs années et je voulais absolument découvrir son pays. Nous avons donc décidé de partir un mois et demi (pour bien profiter) à Shanghai, chez sa famille. L'article que vous allez lire est plutôt hors du commun car j'ai décidé de ne pas vous livrer uniquement mon ressenti mais également celui de mon mari, cet article est donc coécrit afin de vous faire part de cette aventure sous plusieurs angles :
Charlotte : "Le voyage fut très long avec une escale et quand tu n'arrives pas à dormir dans l'avion et qu'en plus tu te payes le décalage horaire (+6h), c'est un peu dur à l'arrivée.
Cette arrivée je m'en rappelle très bien car j'ai été dans le bain direct, le métro et le fourmillement des gens allaient beaucoup trop vite pour moi et déjà quelques minutes après mes premiers pas sur le sol chinois, je ne sais pas pourquoi mais j'ai su que ça n'irait pas."
Ian : "Un long voyage dans une boite métallique...ça n'a jamais était agréable, peu importe la destination Chine ou Mexique. A chaque fois que je rentre chez moi, je me prépare psychologiquement pour que le décalage horaire se fasse de manière efficace dès l'avion. Il n'y a rien de mieux que de s'obliger à dormir. Vous voulez ma solution ? Hi hi ... même si l'abus d'alcool est dangereux pour la santé."
C : "Durant les semaines que j'ai passées à Shanghai, je n'ai presque rien supporté, plus les jours passaient, plus je découvrais cette ville et plus je me sentais mal. Déjà je ne suis pas une fille de la ville et comment dire ... Shanghai c'est plus qu'une ville, je ne sais pas si vous savez mais il y a 23 millions d'habitants là-bas ce qui correspond à peu près à la population entière de l'Australie ou du Canada ! Oui ça fait un choc quand on y pense ... Bref tous ces gens partout, tout le temps ça me donnait l'impression de ne pas exister."
I : "Aïe aïe aïe c'est sûr qu'on est nombreux mais attention, allons comparer la densité de population entre Shanghai et Paris : 21 416 hab./km2 pour Shanghai (arrondissements du centre ville) et 21 258 hab./km2 pour Paris intra-muros. Vous voyez ce que je veux dire ?"
C : "J'ai détesté l'ambiance de cette ville, il y a des magasins partout, des centres commerciaux à tous les coins de rue, il y a de tout partout avec des éclairages et des projections monumentales sur tous les buildings. Toutes les marques du monde ont une ou plusieurs boutiques avec des devantures plus extravagantes les unes que les autres. Et dans certains quartiers il y a de jolies maisons historiques qui sont rasées pour y mettre de grands immeubles."
I : "Je suis né dans cette ville et j'y ai grandi jusqu'à mes 18 ans. Elle a toujours été mêlée dans des espèces de gros chantiers et en même temps elle devenait de plus en plus agréable à vivre du point de vue de l'organisation urbaine. Ces quelques dernières années, en conservant ce rythme de changement, j'ai l'impression qu'elle est allée un peu trop loin, un peu nerveuse. Est-ce la phase négative de l'évolution et de l'expérimentation ? Un peu comme un adolescent chiant et boutonneux ! En tout cas ce n'est pas le Shanghai que j'ai connu."
C : "J'ai détesté aller dans les temples bouddhistes qui sont des attrapes touristes et dans lesquels je n'ai ressenti aucune tranquillité. La tranquillité n'existe pas là-bas du moins c'est difficile de la trouver, les shanghaiens sont bruyants, bousculants (ils crachent tout le temps) et je ne les ai pas trouvés du tout sympathiques, ça m'a donné une impression de chacun pour soi."
I : "Au milieu des villes historiques chinoises comme Beijing, Nanjing, Xian, Suzhou, Hangzhou ... Shanghai n'est qu'une ville toute jeune. Elle est rapidement devenue un axe indispensable de l'économie chinoise seulement depuis la fin du 19 ème siècle, grâce à sa spécificité géographique : le meilleur port de la côte Est de la Chine. Quelque part Shanghai n'est pas une ville mais un gigantesque marché, ça grouille et ça marchande, la moitié de la population shanghaienne se compose de la migration interne et d'étrangers. A mon avis ce n'est pas à Shanghai que l'on va chercher la tranquillité. Malheureusement même les temples n'ont pas pu échapper à cette orientation touristique ..."
C : "J'ai détesté le temps, nous sommes partis en juillet et c'est la saison la plus chaude. Je n'avais jamais vécu une chaleur comme celle-ci (pourtant j'aime la chaleur) 40° et 100% d'humidité dans l'air, autant dire que tu te sens comme une loque dans une cocote minute. Et c'était impossible de m'y habituer car la clim est à fond dans tous les bâtiments et les taxis. Et ne parlons pas de la pollution qui pique la gorge et qui cache presque tout le temps le soleil et le ciel bleu."
I : "Ha ha ha ! C'est à ce moment là que je me moque des autres qui sont incapables de tenir sous cette chaleur humide, avec leur tête de tomate cuite en train de d'inonder leurs vêtements. Et oui j'ai grandi dans ce climat, pour moi (et pour ceux qui ont vécu ce climat) les canicules françaises, à coté, c'est du pipi de chat ! C'est sûr que ce n'est pas la peine de venir chercher le beau temps dans un climat subtropical. Si on parle de la pollution, on va surement parler de l'industrialisation, donc de la mondialisation et on risque de partir dans un autre long débat ..."
C : "J'ai aussi détesté les taxis, qui n'ont pas de ceintures de sécurité et qui conduisent comme des tarés. Il faut savoir qu'à Shanghai ce sont les voitures qui sont prioritaires et que personne, je dis bien personne ne s'arrêtera pour te laisser passer même sur un passage piéton !"
I : "Je déteste autant !"
C : "J'ai détesté le massage chinois que j'ai eu, mon dieux j'ai souffert le martyr, et bien sûr je n'ai rien osé dire car je voulais absolument essayer de me fondre dans cette ambiance et cette culture. Je suis ressortie avec un hématome dans tout le dos ! Je me suis laissée faire et j'ai ravalé la souffrance physique et psychologique que je vivais de jour en jour. Je crois que je culpabilisais de détester cette ville, la ville de mon amoureux, et je culpabilisais en me disant que j'avais la chance de voyager et que je me devais d'apprécier. Je voulais me forcer, essayer de me convaincre mais plus je tentais et plus je sombrais."
I : "Ce type de massage de la médecine chinoise ... comment dire ... je ne vais pas le défendre, je dirai que c'est bon lorsqu'on commence à s'habituer. Tiens, j'ai un ami français boxeur qui adore ça !"
C : "J'ai détesté être couverte de cadeaux toute la durée de mon séjour (par ma belle famille et les amis), là vous vous dites que j'exagère ou bien que vous trouvez ça bizarre de ne pas aimer recevoir de cadeaux, certains d'entre vous auraient probablement adoré mais moi je n'avais pas envie de ça, j'aime les cadeaux bien sûr mais j'aime les cadeaux quand ils ont un sens, une histoire. Recevoir des vêtements de marques, des sacs, des produits de beauté et des bijoux à ne plus savoir pourquoi ne m'a pas du tout plus, ce côté superficiel et cette surconsommation me dégoutait et m'écoeurait. Ce que je voulais c'était seulement profiter de ma belle famille qui au passage est extraordinaire et que j'aime infiniment. Ils ont cru que ça me comblerait alors que ça m'étouffait."
I : "Les chinois ont besoin de montrer qu'ils sont sympas et généreux. Au jour d'aujourd'hui, ils sont tous hypnotisés par cette nouvelle société de consommation malgré leurs valeurs anciennes. Donc ils font quoi ? Ils achètent pour le plaisir et offrent pour le plaisir, c'est devenu presque une addiction. Tout cela me fait soupirer."
C : "J'ai détesté être gavée à toute heure par la nourriture, les gens mangent tout le temps et de tout, tout est prétexte pour manger et j'avoue qu'au bout d'un moment même si j'adore la cuisine chinoise, j'en avais marre et j'étais écœurée encore une fois. Je crois que si je devais donner un mot pour définir ma perception de Shanghai c'est : TROP. Et quand c'est trop, ça déborde et c'est ce qui s'est passé pour moi, je n'ai pas supporté et j'ai craqué. Je ne comprenais pas ce qui m'arrivait et plus j'essayais de rationaliser et plus je tombais dans l'angoisse, c'était comme si je me perdais moi petit à petit. Je ne mangeais plus, je ne parlais plus, je ne souriais plus, je ne sortais plus, j'étais faible. J'ai dû alors faire un tour à l'hôpital ce qui m'a aidé physiquement pour reprendre des forces mais qui m'a encore plus enfoncé psychologiquement (l'expérience traumatisante de l'hôpital est un peu trop longue à raconter ici)."
I : "Mais noooooon ! Shanghai a plein de défauts, je le reconnais oui. Mais comment on peut passer à côté de ça ? La bouuuuuffffffe ! Le temps à Shanghai est rude, les gens sont bousculants et stressants (un tout petit peu plus que les parisiens), l'environnement est un peu crado (un tout petit peu moins que Paris), une ville d'extrême consommation et tout le reste ... Mais Shanghai est la ville GASTRONOMIQUE à ne pas rater ! Shanghai réunit toutes les différentes excellentes cuisines chinoises et également sa propre cuisine locale : des tours et des quartiers entiers de restos, des traiteurs et des bouis-bouis à tous les coins de rue, plein de Dimsums à dévorer à toute heure, oh la la ! Et les fruits ! Et les délicieux cocktails au thé ! ... Tu m'étonnes on veut les gaver ces touristes, car ceci est bel et bien la fierté des shanghaiens. Mais quand on commence nos vacances à Shanghai avec une bonne Tourista, bah ça fait plouf ..."
C : "C'est vrai que quand j'y repense aujourd'hui je salive sur tous ces plats magnifiques que j'avais face à moi mais décidément l'odeur de bouffe et de friture à longueur de temps ce n'est pas quelque chose qui me fait rêver ! Bref suite à tout ça j'ai réussi à voir un médecin français qui a tout de suite compris de quoi je souffrais. Il m'a dit que j'avais voulu couper les ponts avec ma culture pour me plonger dans une nouvelle sans repères et que l'écart entre les deux est tellement énorme que je n'avais pas pu le digérer, il m'a dit aussi que partir 1 mois et demi à la saison la plus chaude pour une première fois c'était beaucoup trop, bref que j'avais vu un peu trop gros pour mes petites épaules...
Du coup, j'avais contracté ce qu'on appelle le "syndrome du voyageur" , heureusement pour moi j'ai un mari, une famille (et une assurance) géniale qui m'ont comprise et qui m'ont tout de suite aidé. J'ai pu me faire rapatrier en France au bout de 3 semaines de calvaire !
Bien sur je ne vous ai pas tout raconté car se serait beaucoup trop long, je pourrais écrire un bouquin tellement j'ai vu de choses. Aujourd'hui j'en rigole mais sur le coup j'ai vraiment cru que j'allais mourir là bas.
Maintenant je sais aussi que c'est une expérience de la vie qui m'a permise de me connaitre mieux, de mieux connaitre mon mari et de comprendre beaucoup de choses. Je crois que les expériences négatives nous font faire de grands bonds. Je sais que je retournerai à Shanghai, mais pas dans les même conditions."
I : "Voilà voilà, tout à fait tout à fait ! Je n'ai rien de spécial à rajouter sur cette expérience, je partage beaucoup de points de vue, c'est pour ça que je ne rentre pas en Chine tous les quatre matins (durant sa période "d'adolescence"). Mais j'ai un cas similaire dont je voudrais parler : le "syndrome du voyageur" se produit très fréquemment chez les touristes qui sont tombés amoureux de Paris à travers sa douce réputation et ses cartes postales : la tour Eiffel sur un fond sonore d'accordéon, ses rues pavés et ses amoureux à bicyclette, son coucher de soleil sur la Seine, les français avec leur baguettes de pain en terrasse à Montmartre ... Attention ... ;)
Voici quelques photos que j'ai sélectionnées, j'ai mis des légendes pour vous expliquer ou faire le lien avec le texte :
Le toit terrasse, là où j'habitais et le ciel gris, voilé par la pollution.
Une rue étroite la nuit à Zhu Jia Jiao (village en banlieue de Shanghai).
Fin d'un petit repas au restaurant.
Il y a beaucoup d'oiseaux en cage dans les parcs, les hommes dressent leurs oiseaux pour qu'ils soient de bons chanteurs puis ils se rejoignent au parc pour savoir quel oiseau chante le mieux.
J'espère que cet article vous à plu, n'hésitez pas à me faire par de vos expériences afin d'échanger nos impressions sur le sujet !
À bientôt mes petits lapins ;)
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